mardi 25 mars 2025

La déclaration des poètes aux Frères migrants de Patrick Chamoiseau Traductions multilingues


frères migrants,

les poètes déclarent

Patrick Chamoiseau


L’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau lance un appel de solidarité avec les migrants du monde. Une « Déclaration des poètes » comme invitation à la résistance devant l’intolérance, le racisme, la xénophobie et l’indifférence à l’autre. 

1 — Les poètes déclarent : Ni orpheline, ni sans effets, aucune douleur n’a de frontières !

2 — Les poètes déclarent que dans l’indéfini de l’univers se tient l’énigme de notre monde, que dans cette énigme se tient le mystère du vivant, que dans ce mystère palpite la poésie des hommes : pas un ne saurait se voir dépossédé de l’autre !

3 — Les poètes déclarent que l’accomplissement mutuel de l’univers, de la planète, du vivant et des hommes ne peut s’envisager que dans une horizontale plénitude du vivant — cette manière d’être au monde par laquelle l’humanité cesse d’être une menace pour elle-même. Et pour ce qui existe …

4 — Les poètes déclarent que par le règne de la puissance actuelle, sous le fer de cette gloire, ont surgi les défis qui menacent notre existence sur cette planète ; que, dès lors, tout ce qu’il existe de sensible de vivant ou d’humain en dessous de notre ciel a le droit, le devoir, de s’en écarter et de concourir d’une manière très humaine, ou d’une autre encore bien plus humaine, à sa disparition.

5 — Les poètes déclarent qu’aller-venir et dévirer de par les rives du monde sont un Droit poétique, c’est-à-dire : une décence qui s’élève de tous les Droits connus visant à protéger le plus précieux de nos humanités ; qu’aller-venir et dévirer sont un hommage offert à ceux vers qui l’on va, à ceux chez qui l’on passe, et que c’est une célébration de l’histoire humaine que d’honorer la terre entière de ses élans et de ses rêves. Chacun peut décider de vivre cette célébration. Chacun peut se voir un jour acculé à la vivre ou bien à la revivre. Et chacun, dans sa force d’agir, sa puissance d’exister, se doit d’en prendre le plus grand soin.

6 — Les poètes déclarent qu’en la matière des migrations individuelles ou collectives, trans-pays, trans-nations et trans-monde, aucune pénalisation ne saurait être infligée à quiconque, et pour quoi que ce soit, et qu’aucun délit de solidarité ne saurait décemment exister.

7 — Les poètes déclarent que le racisme, la xénophobie, l’indifférence à l’Autre qui vient qui passe qui souffre et qui appelle sont des indécences qui dans l’histoire des hommes n’ont ouvert la voie qu’aux exterminations, et donc que ne pas accueillir, même pour de bonnes raisons, celui qui vient qui passe qui souffre et qui appelle est un acte criminel.

8 — Les poètes déclarent qu’une politique de sécurité qui laisse mourir et qui suspend des libertés individuelles au nom de l’Ordre public contrevient au principe de Sûreté que seul peut garantir l’exercice inaliénable indivisible des Droits fondamentaux.

9 — Les poètes déclarent qu’une Constitution nationale ou supranationale qui n’anticiperait pas les procédures d’accueil de ceux qui passent qui viennent et qui appellent, contreviendrait de même manière à la Sûreté de tous.

10 — Les poètes déclarent qu’aucun réfugié, chercheur d’asile, migrant sous une nécessité, éjecté volontaire, aucun déplacé poétique, ne saurait apparaître dans un lieu de ce monde sans qu’il n’ait — non pas un visage mais tous les visages, non pas un cœur tous les cœurs, non pas une âme toutes les âmes. Qu’il incarne dès lors l’Histoire de toutes nos histoires et devient par ce fait même un symbole absolu de l’humaine dignité.

11 — Les poètes déclarent que jamais plus un homme sur cette planète n’aura à fouler une terre étrangère — toute terre lui sera native —, ni ne restera en marge d’une citoyenneté — chaque citoyenneté le touchant de ses grâces —, et que celle-ci, soucieuse de la diversité du monde, ne saurait décider des bagages et outils culturels qu’il lui plaira de choisir.

12 — Les poètes déclarent que, quelles que soient les circonstances, un enfant ne saurait naître en dehors de l’enfance ; que l’enfance est le sel de la terre, le sol de notre sol, le sang de tous les sangs, que l’enfance est donc partout chez elle, comme la respiration du vent, le salubre de l’orage, le fécond de la foudre, prioritaire en tout, plénière d’emblée et citoyenne d’office.

13 — Les poètes déclarent que la Méditerranée entière est désormais le Lieu d’un hommage à ceux qui y sont morts, qu’elle soutient de l’assise de ses rives une arche célébrante, ouverte aux vents et ouverte aux plus infimes lumières, épelant pour tous les lettres du mot accueil dans toutes les langues, dans tous les chants, et que ce mot constitue uniment l’éthique du vivre-monde.

14 — Les poètes déclarent que les frontières ne signalent qu’une partition de rythmes et de saveurs, qui n’oppose pas mais qui accorde, qui ne sépare que pour relier, qui ne distingue que pour rallier, et que dès lors aucun cerbère, aucun passeur, n’y trouvera à sévir, aucun désir n’y trouvera à souffrir.

15 — Les poètes déclarent que toute Nation est Nation-Relation, souveraine mais solidaire, offerte au soin de tous et responsable de tous sur le tapis de ses frontières.

16 — Frères migrants, qui le monde vivez, qui le vivez bien avant nous, les poètes déclarent en votre nom, que le vouloir commun contre les forces brutes se nourrira des infimes impulsions. Que l’effort est en chacun dans l’ordinaire du quotidien. Que le combat de chacun est le combat de tous. Que le bonheur de tous clignote dans l’effort et la grâce de chacun, jusqu’à nous dessiner un monde où ce qui verse et se déverse par-dessus les frontières se transforme là même, de part et d’autre des murs et de toutes les barrières, en cent fois cent fois cent millions de lucioles ! — une seule pour maintenir l'espoir à la portée de tous, les autres pour garantir l’ampleur de cette beauté contre les forces contraires.

  

Frères Migrants - The Poet's Declaration By Patrick Chamoiseau 

 1- The poets declare: Neither orphaned nor ineffectual, pain has no borders! 

 2- The poets declare that the undefined universe holds the enigma of our world, that this enigma holds the mystery of all living things, that in this mystery throbs the poetry of mankind: not one could be dispossessed of the other! 

 3- The poets declare that the mutual accomplishment of the universe, of the planet, of the living world and of mankind can only be envisioned in the horizontal fullness of the living world—that way of being in the world through which humanity is no longer a threat to itself. And for what exists… 

 4- The poets declare that it is through the reign of the powers now in force, under the iron of their glory, that the challenges threatening our existence on this planet have emerged; that therefore everything sensitive and alive and human in existence under our sky has the right, and the duty, to turn away from them and to take part in a very human fashion, or in another even more human fashion, in its own disappearance. 

 5- The poets declare that coming and going and turning back along the shores of the world is a Poetic Right, that is: a decency that arises from all known Rights aiming to protect the most precious part of our humanity; that coming and going and turning back are a homage to those one is moving towards, to those whose spaces one passes through, and that it is a celebration of human history to honor the entire earth with one’s drive and dreams. Anyone can decide to live out the celebration. Anyone can find themselves one day with no choice but to live it, or to relive it. And everyone, in the strength to act, their power to exist, is bound to take the utmost care of it. 

 6- The poets declare that in terms of individual or collective migrations across countries, across nations, across the world, no penalty should be inflicted on anyone for anything, and that solidarity could not, in any decent nation, be a crime. 

 7- The poets declare the racism, xenophobia, indifference to the Other who comes and passes by and is suffering and calling out are indecencies that in the history of mankind have led the way solely to exterminations, and therefore that not taking in the one who comes and passes by and is suffering and calling out —even for good reasons—is a criminal act. 

 8- The poets declare that a security policy that allows people to die and suspends individual liberties in the name of Law and Order is contrary to the principle of Safety, which can only be guaranteed by the inalienable, indivisible exercise of Fundamental Rights. 

 9- The poets declare that a national or supranational Constitution that would not provide for procedures to welcome those who pass through and come and call out would likewise be contrary to the Safety of all.

 10- The poets declare that no refugee, asylum seeker, migrant by necessity, voluntary ejected, poetic displaced person, could appear in any place in the world without having—not one face but all faces, not a heart but all hearts, not a soul but all souls. That he is an incarnation of the History of all our stories and thereby becomes the absolute symbol of human dignity. 

11- The poets declare that never more shall a man on this planet have to walk on foreign soil—all lands will be his native land—nor stay on the margins of citizenship—he will be graced with every citizenship—and that citizenship, in accordance with the diversity of the world, could never decide what cultural baggage and tools it might please him to choose. 

 12- The poets declare that, no matter the circumstances, no child is born outside of childhood; that childhood is the salt of the earth, the soil of our soil, the blood of all bloods, that childhood is at home wherever it goes, like the breath of the wind, the purity of the storm, the fertility of thunder, a priority in all things, whole from the start, and citizen by default. 

 13- The poets declare that the entire Mediterranean shall from now on be the Site of an homage to those who have died there, that the bedrock of its shores shall support a celebratory arch open to winds and open to the faintest lights, spelling out for all the letters of the word welcome in every language, in every song, and that this word alone constitutes the ethic of our common world. 

 14- The poets declare that borders merely signal a partition of rhythms and f lavors, that do not oppose but harmonize, that separate only to join together, and distinguish only to unite, and therefore that no guard dog, no people smuggler, shall have any reason to do his work there, no desire any reason to suffer there. 

 15- The poets declare that every Nation is a Nation-Relation, sovereign but in solidarity, offering care to all and responsible for all on the carpet of its borders.

 16- Brother migrants, who live this world, who live it well before we do, the poets declare in your name that the common will against brute force will feed on the smallest of impulses. That this effort is within all of us, in the ordinariness of every day. That the struggle of each person is the struggle of all. That the happiness of all twinkles in the struggle and grace of each of us, until it sketches out a world where that which pours over borders transforms at that very border, on every side of the walls and all the barriers, into one hundred hundred hundred million fireflies! — just one to maintain hope in everyone’s grasp, and the others to guarantee the sweep of this beauty against hostile forces.

 The Poets' Declaration is an excerpt from Patrick Chamoiseau's book Frères migrants: Contre la barbarie (Migrant brothers: Against barbarism, Seuil, May 2017). 


 


TRADUCTION  MORENA CAMPANI

fratelli migranti,

dichiarano i poeti

Patrick Chamoiseau

 

Lo scrittore martinicano Patrick Chamoiseau invita alla solidarietà con i migranti di tutto il mondo. Una "Dichiarazione dei poeti" come invito alla resistenza di fronte all'intolleranza, al razzismo, alla xenofobia e all'indifferenza verso gli altri.

 

 

1 — I poeti dichiarano: Né orfani né senza effetti, nessun dolore ha confini!

 

2 — I poeti affermano che nell'indefinitezza dell'universo sta l'enigma del nostro mondo, che in questo enigma sta il mistero dei viventi, che in questo mistero palpita la poesia degli uomini: nessuno può vedersi spossessato dell'altro!

 

3 — I poeti affermano che il compimento reciproco dell'universo, del pianeta, dei viventi e degli esseri umani può essere concepito solo in una pienezza orizzontale di coloro che vivono — questo modo di essere al mondo per cui l'umanità cessa di essere una minaccia a se stessa. E’ per ciò che esiste...

 

4 - I poeti dichiarano che sotto il regno del potere presente, sotto il ferro di questa gloria, sono sorte le sfide che minacciano la nostra esistenza su questo pianeta; che, quindi, tutto ciò che esiste di vivente o umani sotto il nostro cielo ha il diritto, il dovere, di deviarne e di competere in modo umanissimo la sua scomparsa.

 

5 — I poeti affermano che l'andare, il partire e l'allontanarsi dalle rive del mondo è un Diritto poetico, cioè un decoro che si eleva al di sopra di tutti i Diritti conosciuti che mirano a proteggere la più preziosa delle nostre umanità; che andare e venire e deviare sono un tributo offerto a coloro verso i quali andiamo, a coloro tra i quali passiamo, e che è una celebrazione della storia umana per onorare l'intera terra con i suoi impulsi e sogni. Tutti possono decidere di vivere questa festa. Ognuno può vedersi un giorno costretto a viverlo o a riviverlo. E tutti, nella loro forza di agire, nella loro forza di esistere, devono prendersene la massima cura.

 

6 — I poeti dichiarano che in materia di migrazioni individuali o collettive, transnazionali e transmondiali, nessuna penalizzazione può essere inflitta a nessuno, e per nulla, e che nessun reato di solidarietà non può esistere dignitosamente.

 

7 — I poeti dichiarano che il razzismo, la xenofobia, l'indifferenza verso l'Altro che viene, che passa, che soffre e che chiama sono indecenze che nella storia degli uomini che hanno solo aperto la strada allo sterminio, e quindi, la non accoglienza, anche per buone ragioni, chi viene, chi passa, chi soffre e chi chiama, è un atto criminale.

 

8 — I poeti dichiarano che una politica di sicurezza che permette la morte delle persone e sospende le libertà individuali in nome dell'ordine pubblico viola il principio della sicurezza, che solo può garantire l'esercizio inalienabile e indivisibile dei diritti fondamentali.

 

9 — I poeti dichiarano che una Costituzione nazionale o sovranazionale che non anticipi le modalità di accoglienza di chi passa, viene e chiama, violerebbe allo stesso modo la Sicurezza di tutti.

 

10 — I poeti dichiarano che nessun rifugiato, richiedente asilo, migrante per necessità, espulso volontariamente, nessun poetico sfollato, può apparire in un luogo di questo mondo senza avere — non un volto ma tutti i volti, non un cuore tutti i cuori, non una sola anima ma tutte le anime. Che quindi incarna la Storia di tutte le nostre storie e diventa così un simbolo assoluto della dignità umana.

 

11 — I poeti dichiarano che mai più un uomo su questo pianeta dovrà mettere piede in terra straniera — ogni terra gli sarà nativa — né rimarrà ai margini di una cittadinanza — ogni cittadinanza lo tocca con le sue grazie — e che quest'ultimo, preoccupato per la diversità del mondo, non può decidere quale bagaglio e quale strumento culturale scegliere.

 

12. I poeti dichiarano che, qualunque siano le circostanze, un bambino non può nascere al di fuori dell'infanzia; che l'infanzia è il sale della terra, il suolo della nostra terra, il sangue di tutto il sangue, che l'infanzia è dunque di casa ovunque, come il soffio del vento, la salubrità della tempesta, la feconda dei fulmini, prioritaria in ogni cosa, plenaria sin dall'inizio, cittadino automaticamente.

 

13 — I poeti dichiarano che l'intero Mediterraneo è ormai il Luogo dell'omaggio a coloro che vi morirono, che sorressero dalle sue sponde un arco celebrativo, aperto ai venti e alle più piccole luci, scandito per tutte le lettere della parola accoglienza, che si ritrova in tutte le lingue, in tutti i canti, parola che costituisce l'etica del mondo vivente.

 

14 — I poeti affermano che i confini segnalano solo una partizione di ritmi e sapori, separazione che non si oppone ma che armonizza, frontiera che separa solo per collegare, che distingue solo per unire, e che quindi nessun Barbaro, nessun contrabbandiere vi troverà nulla da fare e nessun desiderio troverà nulla da soffrire.

 

15 — I poeti dichiarano che ogni Nazione è Nazione-Relazione, sovrana ma unita, offerta alla cura di tutti e responsabile di tutti sul tappeto dei suoi confini.

 

16 — Fratelli migranti, che abitate il mondo, che lo vivete da molto prima di noi, i poeti dichiarano in nome vostro, che la volontà comune contro le forze brute sarà alimentata; che lo sforzo farà parte di tutti e dell'ordinario della vita quotidiana; che la lotta di ciascuno è la lotta di tutti. Possa la felicità risplendere nella fatica e nella grazia di ciascuno, fino a disegnare un mondo in cui ciò che si riversa e si riflette oltre i confini si trasformi proprio lì, al di là dei muri e di tutte le barriere, in cento e cento milioni di lucciole! — per mantenere la speranza alla portata di tutti e garantire la grandezza di questa bellezza contro le forze opposte.


L’étape « Forum de la Fondation Anna lindh de Tirana » s’inscrit dans notre processus de création. Tout d’abord au niveau des traductions de la déclaration des poètes aux frères migrants, dans le circuit de l’industrie éditoriale, nous avons à notre disposition des traductions en allemand, en anglais, en italien, en espagnol . . . mais pas encore dans la vingtaine d’autres langues officielles de l’Union européenne. . .

 




Declaración de los poetas

 

1 – Los poetas declaran : ¡ Ni huérfano ni sin efectos, ningùn dolor tiene fronteras !

 

2 – Los poétas declaran que en lo indefinido del universo se apoya el enigma de nuestro mundo, que en este enigma se apoya el misterio de lo vivo, que en ese misterio palpita la poesía de los seres humanos : ¡ uno no podría verse desposeído del otro !

 

3 - Los poetas declaran que la realizacíon mutua del universo, del planeta, de lo vivo y de los seres humanos no puede concebirse sino en una plenitud horizontal de lo vivo – esa manera de estar en el mundo a través de la cual la humanidad déjà de ser una amenaza para sí misma. Y para lo que existe. . .

 

4 – Los poetas declaran que el reino del poder actual, bajo el hierro de esa gloria, han surgido desafíos que amenazan nustra existencia en este planeta ; que, desde luego, todo lo que existe de sensible, de vivivo o de humano bajo nuestro cielo tiene el derecho, el deber, de anunciarse y concurrir de una manera muy humana, a su desaparición.

 

5 – Los poetas declaran que ir y venir y virar por las costas del mundo son un Derecho poético, es decir, una decencia más allá de todos los Derechos conocidos, orientada a proteger lo más precioso de nuestros humanidades ; que ir y venir y virar son un homenage ofrecido a aquellos hacia quienes se va, aquellos por cuyo hogar se pasa, y que es una celebración de la historia humana que honra la tierra entera con sus impulsos y sus sueños.Cada quien puede decidir vivir esta celebración. Cada quien puede verse un día obligado a vivirla o bien revivirla. Y cada quien, en su fuerza para actuar, su potencia de existir, debe tener con ella el mayor cuidado.

 

6 – Los poetas declaran que en la materia de las migraciones individuales o colectivas, trans-país, trans-nación y transmundo, ninguna penalización podrá ser infligida a nadie, sea por lo que sea, y que ningún delito de solidaridad podrá existir decentemente.

 

7. Los poetas declaran que el racismo, la xenofobia, la homofobia, la indiferencia ante el Otro que viene, que pasa, que sufre y que clama son indecencias que en la historia humana sólo han abierto camino a exterminaciones, y que ende no acoger, incluso por buenas razones, a quien viene, quien pasa, quien sufre y quien clama es un acto criminal.

 

8 – Los poetas declaran que una política de seguridad que déjà morir y que suspende las libertades individuales en nombre del Orden público contravien el principio de Fiabilidad que es el único en garantizar el ejercicio inalienable, indivisible, de los Derechos fundamentales.

 

9 – Los poetas declaran que una Constitución nacional o supranacional que no anticipe los procedimientos de acogida de quienes pasan, vienen y claman contravendría de igual manera la Fiabilidad de todos.

 

10 – Los poetas declaran que nigún refugiado, solicitador de asilo, migrante por necesidad, expulsado, voluntario, ningún desplazado poético, podrá aparecer en un lugar de este mundo sin que tenga, no un rostro, sino todos los rostros, no un corazón, sino todos los corazones, no un alma, sino todas las almas. Que alce desde ese momento la Historia profunda de todas nuestras historias, que encarne desde entonces la historia de nuestras historias y se vuelva, por este mismo hecho, un símbolo absoluto de la dignidad humana.

11 – Los poetas declaran que nunca más un ser humano en este planeta tendrá que pisar tierras extranjeras – toda tierra le será nativa - , ni quedará al margen de una ciudadanía – cada ciudadanía le tocará en gracia – y esta, cuidadosa de la diversidad del mundo, no podrá escoger el bagaje y los útiles culturales que le plazcan.

 

12 – Los poetas declaran que, sean cuales sean las circunstancias, un niño no podrá nacer fuera de la infancia ; que la infancia es la sal de la tierra, el suelo de nuestro suelo, la sangre de todas las sangres ; que la infancia, en concecuencia, está por doqier en su proprio hogar, como la respiración del viento, lo salubre de la tormenta, lo fecundo del rayo, prioritaria en todo, plenaria desde el principio ciudadana de oficio.

 

13 - Los poetas declaran que el Mediterráneo es, a partir de ahora, el Lugar de un homenaje a quienes han muerto en él, que alce al pie de sus costas un arco celebratorio, abierto a los vientos y abierto a las más ínfimas luces, que deletree todas las letras de la palabra ACOGIDA, en todas las lenguas, en todos los cantos, y que esta palabra constituya sin cambio alguno la ética del vivir-mundo.

 

14 – Los poetas declaran que las fronteras no señalan más que una particíon de ritmos y sabores, que no oponen sino que acuerdan, que no separan más que para religar, que no distinguen más que para reunir, y que desde este momento ningún cerbero, ningún coyote dominará sobre ellas, ningún deseo sufrirá en ellas.

 

15 – Los poetas declaran que toda Nación es Nación-Relación, soberana pero solidaria, ofrecida al cuidado de todos y responsable de todos sobre el tapiz de sus fronteras.

 

 16 – Hermanos migrantes, que viven el mundo, que lo viven mucho antes que nosotros, hermanos de ningún lado, oh hermanos caídos, desvestidos, retenidos y detenidos en todos lados, los poetas declaran en el nombre de ustedes que el deseo común contra las fuerzas brutas se nutrirá de los ínfimos impulsos. Que el esfuerzo está en cada uno en lo ordinario de lo cotidiano. Que el combate de cada uno es el combate de todos. ¡ Que la felicidad de todos brilla en el esfuerzo y la gracia de cada uno., hasta dibujarnos un mundo en el que lo que se vierta y se derrame por encima de las fronteras se transforme allí mismo, de un lado y de otro de los muros y de todas las barreras en cien veces cien veces cien millones de luciérnagas! –una sola para mantener la esperanza al alcance de todos, las otras para garantizar la amplitud de esta belleza contra las fuerzas contrarias.

 

Paris, Ginebra, Guadalupe, Río, Porto Alegre, Cayenne, La Favorite,

Diciembre de 2016 .  Patrick CHAMOISEAU

 

Traducción de Aldaber Salas Hernández.Edición Pre – Textos 2020 .

13. Poetët deklarojnë se i gjithë Mesdheu tani e tutje do të jetë vendi i një homazhi për ata që kanë vdekur atje, se guri i brigjeve të tij do të mbështesë një hark festimi të hapur ndaj erërave dhe të hapur ndaj dritave më të zbehta, duke shqiptuar të gjitha shkronjat e fjalës së mirëseardhur në çdo gjuhë, në çdo këngë dhe se vetëm kjo fjalë përbën botën tonë të përbashkët.


13 — Les poètes déclarent que la Méditerranée entière est désormais le Lieu d’un hommage à ceux qui y sont morts, qu’elle soutient de l’assise de ses rives une arche célébrante, ouverte aux vents et ouverte aux plus infimes lumières, épelant pour tous les lettres du mot accueil dans toutes les langues, dans tous les chants, et que ce mot constitue uniment l’éthique du vivre-monde.

 

الإخوة المهاجرون

تصريح الشعراء

13- صرح الشعراء أن البحر المتوسط هو موضع تقدير و عظمة لمن توفتهم المنية فيه، و أنها و منذ خلق ضفافه تساند  قوسا منفتحا باحتفاله على هبات الرياح و حتى ومضات الشعاع ، تتهجأ حروف كلمة الاستقبال بكل اللغات و اللهجات ، و في كل الحقول و المراعي ، و أن هذا اللفظ يجسد أخلاقيات العيش في العالم بتساوي .

باتريك شاموازو

 

 

-13  The poets declare that the entire Mediterranean shall from now on be the Site of an homage to those who have died there, that the bedrock of its shores shall support a celebratory arch open to winds and open to the faintest lights, spelling out for all the letters of the word welcome in every language, in every song, and that this word alone constitutes the ethic of our common world.

 

 

 

-13 - Die Dichter erklären das ganze Mittelmeer zur Huldigungsstätte, allen geweiht, die hier ertranken: seine Uferfeste trägt nunmehr eine Gedenkpforte, die allen Winden offen, den kleinsten Lichtern offen, für alle  das Wort WILLKOMMEN buchstabiert in allen Sprachen, in allen Liedern. WILLKOMMEN, das Wort allein steht für die Ethik der Weltoffenheit

 

13 - Los poetas declaran que el Mediterráneo es, a partir de ahora, el Lugar de un homenaje a quienes han muerto en él, que alce al pie de sus costas un arco celebratorio, abierto a los vientos y abierto a las más ínfimas luces, que deletree todas las letras de la palabra ACOGIDA, en todas las lenguas, en todos los cantos, y que esta palabra constituya sin cambio alguno la ética del vivir-mundo.

 

13. Поэты заявляют, что все Средиземное море отныне является местом почитания тех, кто там умер, оно поддерживает от основания своих берегов праздничную арку, открытую ветрам и малейшему свету,

излагая для всех букв слово добро пожаловать на всех языках, во всех песнях, и что это слово однозначно составляет этику живого мира.

 

13 — I poeti dichiarano che l'intero Mediterraneo è ormai il Luogo dell'omaggio a coloro che vi morirono, che sorressero dalle sue sponde un arco celebrativo, aperto ai venti e alle più piccole luci, scandito per tutte le lettere della parola accoglienza, che si ritrova in tutte le lingue, in tutti i canti, parola che costituisce l'etica del mondo vivente.

 

Брати-мігранти.  Декларація поетів.

13.Поети заявляють, що відтепер усе Середземномор’я є місцем пошани до тих, хто там загинув, воно підтримує від підніжжя своїх берегів святкову арку, відкриту вітрам і найменшим вогникам, вимовляючи на всі букви слово вітається всіма мовами, у всіх піснях, і що це слово є унікальною етикою живого світу.   Патрік ШАМУАЗО.

 

13 – Ar varzhed a embann ez eo hiviziken ar Mor Kreizdouarel en e bezh al  lec’h da rentañ enor d’ar re a zo marvet ennañ, ez eo diazezet war pep hini eus e ribloù un arc’h lid, digor d’an avelioù ha digor d’ar goulaouennoù disterañ, o tistagañ evit pep hini lizherennoù ar ger digemer e kement yezh, e kement kan, hag ez eo ar ger-se en e-unan buhezegezh an doare bezañ-bed

 

13 Frè migratè Déklarazion sé Powèt-la Sé Powèt-la déklaré ki atjèlman tout la méditérané sé koté ka poté lomaj ba tou sa ki fè granpasaj-la la, i ka tjenbé épi bòdaj-li an awch sélébwasion, ouvè a tout van èk ouvè a tout sigin limiè, ka éplé ba tout moun lèt di mo la bienvini dan tout Lang ki ni, dan tout chanté, èk mo tala a li tou sèl ka fè fondas di viv-mond.

 

GÖÇMEN KARDEŞLER

 

Göçmen kardeşler, dünyayı yaşayan sizlersiniz,

bizlerden çok önce, gene sizler yaşadınız.

 

Şairler sizin adınıza haykırıyor işte,

Bilin ki ortak irade, kaba güçlere karşı,

en küçük kıpırtıları harekete geçirebilir.

 

Bilin ki her birimizin çabası, günlük sıradan hayatlarımızın içindedir.

Bilin ki her birimizin kavgası hepimizin kavgasıdır.

 

Bilin ki hepimizin mutluluğu,

her birimizin çabasında ve hoşgörülü anlayışında yanıp söner,

dökülüp taşarak, sınırlardan öteye geçenlerin,

hemen oracıkta,

duvarların ve tüm engellerin iki tarafında,

yüz kere yüz milyon ateşböceğine dönüştüklerindeki dünya bizlere çizilene kadar.

 

Bilin ki tek bir ateşböceği umudu hepimizin erişebileceği yerde tuttukça,

ötekiler, bu güzelliğin büyüklüğünü,

olumsuz bakan güçler karşısında savunabilir.

 

Patrick Chamoiseau

Şairlerin Bildirgesi

Madde 16 





 

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